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lundi 21 décembre 2009

Marbot vs Leclerc

Dernier round d'un combat long et hasardeux, l'accord de la Commission Nationale d'Aménagement Commercial pour l'ouverture d'un "Espace Culturel" contiguë à l'hypermarché Leclerc de Trélissac (Dordogne) ouvre une longue période d'incertitude pour la librairie Marbot installée en coeur de ville de Périgueux. Dinosaure du genre encore échappé du massacre, Marbot s'était refait une beauté, il y a un an, en s'agrandissant et en élargissant considérablement son offre culturelle et livresque. S'il reste encore une chance que le Conseil d'Etat revienne sur cette décision, on peut malgré tout s'attendre à ce que ce pilier de l'animation du centre ville périgourdin prenne de plein fouet la concurrence sans pitié que conduira Leclerc.
Le seul a s'en réjouir semble être le maire de Trélissac, le communiste Francis Colbac. Il est d'ailleurs comique et désolant de constater que ce thuriféraire de Marx (Groucho ?) est plus enclin à défendre le grand capital ultra-libéral que le commerce de centre ville dont il se contrefiche dans la mesure où il peut piller et capter enseignes et taxes pour son opulente commune. Il ose parler du monopole de Marbot ignorant peut être que cela n'a aucune importance car le prix des livres est fixé par la Loi Lang. En revanche, il oublie complètement d'aborder l'appauvrissement systématique de l'offre culturelle généré par les grandes enseignes de la distribution. Quels sont les éditeurs qui ont les reins assez solides pour résister à une centrale d'achat de Leclerc ou d'Auchan ? Pas les petits, les sans grades, les découvreurs de talents littéraires ou musicaux... Prenez un jour le temps de regarder ce qu'est un rayon de grandes surfaces et vous comprendrez très vite qui peut se permettre d'exister dans cette jungle commerciale sans aucune pitié.
J'ai eu dans mon enfance le plaisir et la chance d'avoir des parents commerçants qui avaient leur quincaillerie juste à côté d'une librairie de quartier (vous savez... ce lieu qui a presque disparu...). J'y ai vécu des émotions aussi fortes que l'évolution de mon âge me le permettait, à huit ans feuilletant des heures durant bandes dessinées et livres pour enfant, me passionnant pour mes premiers grands classiques à onze ans et quelques années plus tard, laissant traîner des regards concupiscents sur des ouvrages "olé-olé" plus en rapport avec ma puberté boutonneuse. Et oui, Monsieur Colbac, tout ce que Leclerc et consorts ne pourront donner à des générations d'enfants de clients pressés et compressés dans les rayons de ces grandes surfaces trop éclairés et si froids.
Alors, soyez franc, ne parlez pas de défense des consommateurs ni de monopole ou d'autres choses qui vous dépassent. Dites simplement que vous voulez garantir l'avenir de votre hypermarché trélissacois. C'est bien plus honnête et bien plus vrai que vos pseudo arguments qui ne convainquent personne. Mais rappelez-vous aussi que le livre n'est pas un yaourt et que votre commune est liée à Périgueux comme votre barbe à votre menton... Le jour où la ville centre dépérira définitivement, la votre ne vaudra guère mieux...

1 commentaire:

  1. C'est très bien dit JF et je suis tout à fait de ton avis.

    Il ne faut pas que ce centre culturel existe, ou il tuera définitivement, non pas Marbot, qui a tout de même la chance de se trouver au centre de plusieurs lycées/collèges/universités et d'avoir ce qu'il faut pour attirer la clientèle, mais tous les petits, comme la Mandragore, Des Livres et Nous, La Maison de la Presse...

    Je publierai ton article sur Périblog dans les jours prochains. W

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