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vendredi 11 décembre 2009

La mère des batailles

L'actualité éducative nationale est secoué encore et toujours par la nième réforme des lycées, principalement à cause de la disparition de l'enseignement de l'histoire en terminale scientifique. Les uns décrivant la fin programmée de tout esprit critique de nos futurs scientifiques, les autres plaidant pour une revalorisation de ces filières en perte de vitesse, il nous est bien difficile de savoir qui a raison ou tort...
Historien de formation universitaire et par passion personnelle, j'aurais du ou pu emboîter le pas de tous ceux qui tirent à boulets rouges, le mot est faible mais la couleur est juste, sur ce texte présenté par le ministre Chatel. C'eût été facile de dessouder le "causaïre" du gouvernement en arguant de l'acculturation progressive de nos chères têtes blondes ou brunes, en prenant des intonations dramatiques pour annoncer la décadence et la fin de notre civilisation franco-française. Trop facile et si peu plausible...
Pour ma modeste personne, habitée par la grande et la petite histoire de notre monde, la mère des batailles est celle des programmes et de la méthode d'étude de cette matière plus qu'essentielle à mes yeux. Tant que nous resterons dans la culture de l'examen final, la sanction définitive, nous serons dans l'obligation de courir sur des programmes impossibles et improbables, survolant par nécessité des instants passionnants et instructifs. En histoire, le résultat ne se mesure pas au temps passé devant un livre ou des événements auxquels on ne peut rien comprendre car trop peu explicités mais dans la passion et l'approfondissement des sujets traités.
Dans mon walhalla éducatif, paradis des guerriers de l'enseignement tombés sous le coup de mon indiscipline compulsive, je garde au plus profond de moi l'image de ce professeur d'histoire qui vivait l'époque qu'il nous contait. La Révolution devenait un théâtre de figures grimaçantes et gigantesques, les guerres retrouvaient leurs horreurs et leurs drames dans sa verve bouleversante. Qu'importe les programmes, qu'importe le temps passé, seuls le plaisir et le partage guidaient ses pas de vrai pédagogue. Peut être aurions nous pris un "carton" à un examen, fort possible... Mais il avait réussi là où tous avaient piteusement échoué. Il nous avait donné une conscience, il avait suscité en nous des interrogations et des révoltes. Il avait simplement fait de nous, adolescents, de "petits" hommes et peut être, je l'espère, de grands citoyens.
L'Histoire, avec un grand H, ne peut s'étalonner à la quantité d'informations ingurgitées mais par celles qui seront digérées et comprises par les élèves. Je pense que l'on ne devrait plus sanctionner cette matière par un examen comme le baccalauréat, guillotine inutile et factice, mais plutôt l'amarrer à un contrôle continu qui donnerait plus de liberté aux professeurs d'approfondir tel ou tel sujet. Tant pis pour les listes de dates qui ne veulent plus rien dire et tant mieux pour les idéaux et la réflexion.

2 commentaires:

  1. Oh comme je vous rejoins dans votre analyse, moi qui enseigne l'histoire géographie en collège et qui vois s'alourdir toujours un peu plus les programmes et s'alléger l'attention des élèves...il y a bien longtemps que je n'ai pas terminé un programme, sauf en 3e, brevet oblige, mais chut, faisons comme ci. Malgré la fatigue, la voix qui force pour rappeler sans cesse tel élève à l'ordre, oui, j'ai souvent plaisir à enseigner l'histoire, enfin ma version de l'histoire, forcément retaillée pour la cause, et je sais bien que ce que le public retient, c'est un détail, une anecdote qui les marque à vie, et pas LA date repère qu'on veut lui inculquer. A vrai dire, il y en a des dates avec lesquelles je suis fâchée et que je révise tous les ans...Alors moi non plus je ne me révolte pas contre le fait qu'il n'y ait plus d'histoire en TS, il n'y en avait plus déjà en TSTI... A bas la quantité, vive la qualité!

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  2. Merci de votre soutien dans cette dure bataille de la passion et de la réflexion contre les régiments d'élites de la raison et de la superficialité...

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