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mardi 24 août 2010

Etat d'âme, état d'homme...

Presque un mois de silence, du soleil, un peu d'insouciance et d'hédonisme, suis-je devenu insensible au cours de cet été où la polémique, l'amalgame et les clichés ont été plus à la mode que le bikini ou la crème à bronzer ?
Tous les chemins de ma pensée mènent aux roms qui, écartelés entre un pays d'origine qui n'en veut plus et des pays d'accueil qui n'en peuvent plus, servent de valeur d'ajustement à des politiques migratoires et sécuritaires comme si le ballon de football dans lequel on frappe, était responsable des buts marqués.
Plongeant avec délectation dans les plus vieux stéréotypes qui ont constitué nos vieilles croyances populaires, nos politiques de tous bords s'écharpent pour savoir si la France est dans son bon droit en renvoyant vers la Roumanie ou la Bulgarie, des familles entières de roms, survivants dans des bidonvilles d'un autre temps.
J'avoue être un peu déboussolé, comme ces pauvres gens aux yeux hagards. D'un côté, le gouvernement de mon pays qui pointe du doigt une communauté, et de l'autre, des opposants qui utilisent des qualificatifs outranciers sans rapport avec les événements.
Messieurs les bateleurs d'estrade, je vous renvois tous dos à dos avec vos exagérations et vos surenchères. Un goût amer de cendres dans la bouche, je contemple le champ de ruine du débat démocratique.
Je n'admets pas d'entendre que nous sommes dans un état fasciste comme je ne présume pas que tous les roms sont des facteurs d'insécurité ou de danger. J'ai des états d'âme, des états d'homme parce que je veux encore croire en un Etat de droit où le respect de la loi et l'assistance aux plus faibles seraient les moteurs de notre exigence, sans stigmatisation ni angélisme.
Arrêtons de nous voiler la face... Nous ne pourrons pas régler seuls tous les problèmes sociaux de la planète mais nous ne pouvons pas non plus brader sur l'autel de la politique intérieure notre tradition d'accueil et de droits de l'homme. Notre pays vaut bien mieux que ces torrents de boue déversés à longueur de colonnes de journaux. Je n'aime pas l'image que nous donnons à tous ceux qui, loin de nos frontières, admirent la France mais je n'apprécie pas non plus qu'on viole impunément nos lois et nos règles de vie.
Apprenons à oublier notre avenir électoral pour mieux contempler notre présent sociétal. Le regard et l'attention que nous portons aujourd'hui à l'équilibre de notre société seront les ferments, demain, de notre communauté de vie en France et en Europe.

NDLR : L'illustration est le drapeau officiel de la nation Rom... La roue de la vie que d'autres appelèrent aussi svastika de triste mémoire. Il est des raccourcis...

dimanche 1 août 2010

El indulto

Toute une région espagnole, la Catalogne, agite le mouchoir orange de la grâce, "el indulto", et la corrida tremble sur ses bases ancestrales. Épilogue d'une mort annoncée ou simple péripétie dans une histoire troublée et controversée, je ne saurais le dire. J'observe simplement le triomphe sans grande modestie des adversaires de la toromachie et, finalement, une certaine atonie voire résignation des aficionados de tous poils. La roue tourne même celle de l'arrastre trainant le cadavre encore vif de la corrida de toro...
Comment intervenir dans ce débat passionnel sans susciter sarcasmes, incompréhension ou critiques véhémentes ? Allez, je me jette... Je l'avoue sans forfanterie : j'ai aimé et j'aime toujours la corrida... Nonobstant, c'est finalement assez récent, juste une vingtaine d'année et ce, grâce à des amis languedociens qui ont su m'expliquer avec beaucoup de pédagogie et surtout beaucoup de sentiments ce qu'étaient une après-midi dans l'arène, une faena et un toro de combat.
Adorant les animaux, ayant vécu dans une ferme, je ne m'explique toujours pas mon intérêt qui fut grandissant pour ce que d'aucuns décrivent comme une boucherie ou une torture. Serait-ce une fascination morbide pour cette danse macabre avec la mort entre un homme, si petit, parfois si ridicule, et une bête, noire, majestueuse et si brave au combat ? Aurais-je du sang de minotaure crétois ou de chasseur d'auroch de Lascaux dans mes veines de gamin du sud-ouest?
Je n'arrive pas à le déchiffrer moi-même et j'ai si peu d'arguments pour tenter de résister à tous ceux qui me vouent aux gémonies. Je ne me sens ni barbare, ni cruel. J'ai une phobie du sang et je ne me suis jamais battu sans raison valable de toute ma vie. Pourtant j'ai applaudi un beau combat et une belle mise à mort, réclamé une ou deux oreilles pour un matador élégant et salué debout la dépouille sanglante d'un taureau courageux. Docteur, suis-je normal ?
Alors, oui peut être, la corrida va disparaître du paysage polémico-culturel français ou espagnol. Je n'irai pas manifester, m'attacher aux grilles des sublimes arènes de Nîmes pour la sauver mais je garderais à tout jamais, dans ma mémoire ensorcelée, le sourire radieux du grand Nimeno II après son triomphe d'anthologie devant six toros de Guardiola...

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