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samedi 14 novembre 2009

Bon de parler, meilleur de se taire

"Silence dans les rangs !" Dans la Cité Interdite des Artistes du Raincy, plus aucun écrivain, acteur, peintre ou sculpteur ne pipait mot... Serait-ce les premières lignes d'un scénario-catastrophe à la Orwell où un pouvoir tentaculaire asservirait un monde culturel devenu muet, aveugle et sourd ? Non, simplement une caricature des propos d'Eric Raoult, député-maire de cette même ville et de ceux de la Prix Goncourt, Marie N'Diaye, qui auraient dû, tous deux, relire un critique impénitent du pouvoir et de la société de son temps, monsieur Jean de La Fontaine. Dans "l'Ours et l'Amateur des jardins", le fabuliste écrit justement "qu'il est bon de parler, et meilleur de se taire, mais les deux sont mauvais quand ils sont outrés." Je renvois donc dos à dos nos deux impétrants pour leur "petite" polémique à deux sous, pour ne citer ici que Frédéric Mitterrand.
D'un côté monsieur le Député afin qu'il n'oublie pas qu'une des libertés fondamentales de notre société, est celle donnée à tous les artistes de dire, écrire ou proclamer ce qu'ils ont envie. Rappelons à notre fin politique que tout ce qui peut ressembler à une censure ne fait que renforcer celui qui la subit. Dans l'affaire, par exemple, des caricatures de Mahomet, je ne suis pas sûr que les mollahs et leur fatwa soient sortis grandis de la bataille médiatique qui a suivi. Les artistes sont libres par essence et nul n'est à même de leur dicter leur conduite sauf à en faire des martyres de la cause.
Quant à Marie N'Diaye, ses propos me paraissent bien excessifs et caricaturaux. Le degré de monstruosité pour qualifier un pouvoir ne doit pas avoir la même saveur suivant qu'il est mesuré en Europe, en Corée du Nord ou au Zimbabwe. Et ce n'est certainement pas en quittant son pays, d'autant plus qu'il reste une vraie démocratie, que l'on combat les idées d'un adversaire. J'ai le souvenir qu'au soir de la victoire de François Mitterrand en 1981, les parents d'une de mes connaissances, résidant dans un arrondissement huppé de la capitale, avait annoncé tristement à leur progéniture hébétée que "les communistes étant à la porte de l'appartement, il fallait qu'ils se préparent à quitter leur école privée pour entrer dans une usine nationalisée." J'ai rarement autant ri de la bêtise de l'incompréhension et du sectarisme. "Tout ce qui est excessif, est insignifiant..." (Talleyrand).

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