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lundi 10 août 2009

Victime coupable ?

En français, deux mots s'opposent naturellement. Victime et coupable... Toutefois, l'actualité récente et récurrente semble vouloir troubler cette tranquillité lexicale. Hier encore à Bagnolet, un jeune homme, supposé fuyant les forces de police, s'est tué au guidon d'une moto alors qu'il faisait un rodéo dans une cité de la banlieue parisienne. Aussitôt, des "amis" de la victime, pour eux non-coupable, se sont manifestés en brûlant une trentaine de véhicules appartenant à leurs voisins ou proches qui n'en demandaient pas tant. Il va de soi qu'immédiatement l'Inspection Générale des Services a diligenté une enquête afin de vérifier que le jeune motard s'était bien tué en chutant seul contrairement à certaines accusations qui parlaient d'une chasse à l'homme...
De deux choses l'une, soit la personne décédée était innocente et donc je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle craignait de répondre aux sommations des forces de l'ordre. Notre république est ainsi faite que, quand on a rien à se reprocher, la vérité triomphe et vous pouvez être rapidement lavé de tous soupçons d'infraction. Soit cette même personne était coupable de certains délits et alors, l'action déclenchée par les forces de l'ordre devient normale et ses conséquences, un accident certes regrettable mais seulement imputable à l'inexpérience du conducteur du deux roues.
Il n'empêche que malgré cela, on assiste à une victimisation du coupable et à une culpabilisation de l'autorité responsable de la sécurité de tout un chacun. Pourquoi faut-il qu'à chaque problème de ce type, police ou justice s'épuisent à se justifier et donner des gages de "bonne volonté" auprès d'individus qui n'ont que faire de la victime mais qui pensent avant tout à faire perdurer leurs business parallèles ? Je force le trait à dessein mais les zones de non-droit deviennent une réalité quotidienne et conduisent progressivement tout ou partie d'une cité à se couper lentement mais surement du monde réel et à plonger dans la marginalité et la ghettoïsation. Notre police n'est pas parfaite et le risque d'une bavure toujours possible mais de là à croire que tout ce qui arrive est systématiquement du fait des représentants de l'ordre, est un pas qu'on ne peut franchir sans mettre en péril le sens même de notre démocratie. Un des piliers en est l'existence d'un système judiciaire basé sur des lois, librement établies par le peuple ou ses représentants et respectées par le gouvernement et ses administrés. Pour l'heure, il semble qu'on demande beaucoup au gouvernement et à ses représentants et si peu à ses administrés...

2 commentaires:

  1. "...je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle craignait de répondre aux sommations des forces de l'ordre. Notre république est ainsi faite que, quand on a rien à se reprocher, la vérité triomphe et vous pouvez être rapidement lavé de tous soupçons d'infraction".

    Nous ne sommes pas soumis aux mêmes traitements en cas d'interpellation. Il y a une différence de nature entre le contrôle d'un homme blanc chef d'entreprise à Périgueux et "Momo" sur son scooter dans le 93.
    Votre enthousiasme pour le fonctionnement judiciaire de notre République où l'on fait éclater la vérité en happy end tend à être modéré par :
    1. Le nombre d'erreurs judiciaires.
    2. L'extension du filet pénal.
    3. Les inégalités dans la capacité d'avoir une défense efficace.
    En matière d'égalité des droits voici un exemple plus proche de nous. La LDH a du se mobiliser pour faire décrocher un logo dans l'accueil du commissariat de Périgueux. Cette affiche s'intitulait: "Du papier pour les sans-papiers" et représentait un rouleau de papier hygiénique sur son dérouleur.
    Invitation à méditer sur cette éclatante vérité républicaine...
    Et je ne parle d'un contrôle d'identité strictement illégal auquel j'ai pu assister...

    Un système basé sur les lois, certes.
    Vous voulez savoir combien d'infractions au code pénal ou au code de l'urbanisme ou au code des impôts ou au CGCT sont commises régulièrement par les représentants du peuple tout près de nous?
    Vous savez mieux que moi que la délinquance en col blanc bénéficie d'un statut particulier.
    Plus largement le parlement en adoptant les lois Dati a ostensiblement tourné le dos au dialogue avec le CNM et les "petits poids". Résultat, cette politique fait exploser les surcapacité pénitencière et conduit la France a de multiples condamnations par l'Europe. La réalité de ce classement place la France avec la Turquie et la Russie!

    Bien à vous
    Thomas

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  2. Je suis mille fois d'accord avec vous et avec le constat alarmant d'une dégradation de certains conditions du justiciable. Mais il n'en est pas moins vrai que se soustraire à une injonction des forces de l'ordre n'arrange rien aux choses et qu'a priori quand on a rien à craindre, on risque très peu, qu'on soit patron de bar à Périgueux ou Mahmoud à Trappes...

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