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mercredi 14 décembre 2011

Les larmes d'Abraham

Je reprends la plume après une longue pause travail-bénévolat car les événements de Syrie tournent sans cesse dans ma tête, mon coeur et mon âme. Des bouffées de souvenirs remontent à la surface, souvenirs de trois semaines de présence dans ce pays magique, mètre-étalon de notre civilisation, creuset de notre culture occidentale et ferment de nos consciences.
Ce drame vécu par le peuple de Syrie semble survoler à des milliers de kilomètres nos préoccupations bien matérielles de fêtes de fin d'année, de crise ou d'élections présidentielles. Pourtant, à trois heures en avion de notre confort douillet, une tragédie sanglante est en train de se dérouler dans une quasi-indifférence et surtout dans l'inconscience des conséquences d'un effondrement de cette nation. Pivot d'une construction fragile du Moyen-Orient, la Syrie, livrée à la guerre civile et au chaos, annonce d'autres conflits avec un Liban fragile, un Iran secoué par les divisions et un Irak convalescent, objet de tant de convoitise.
Dans ce sang syrien d'enfants et d'innocents rêvant de liberté, se mélangent les larmes de notre père Abraham. Quand on a respiré l'air chargé d'épices du souk d'Alep ou prié sur le tombeau de Jean le Baptiste au coeur même de la mosquée des Omayyades, ce pays, cette terre immémoriale vous étreint comme une maitresse inapaisable. Je ne peux effacer de mon esprit le sourire radieux de chrétiens d'Orient, la pieuse retenue de dévots musulmans que j'ai croisé dans mes pérégrinations syriennes.
En ignorant ce pays et le cancer qui le dévore, nous ignorons notre propre histoire, notre culture et par la même nous nous condamnons à un avenir incertain. Le petit être, divin, que nous allons fêter dans quelques jours est né il y a deux mille ans sur cette terre que nous oublions, au milieu des ancêtres de ce peuple que nous regardons mourir sans bouger ni frémir. Honte à nous qui ne pensons qu'à nous protéger, sans imaginer un seul instant que sauver ce peuple, c'est aussi préserver nos générations futures.

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