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mardi 22 septembre 2009

Pour l'honneur

"Monsieur le Président, mesdames et messieurs les députés, j'ai l'honneur au nom du Gouvernement de la République de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France". Toute ma vie, je regretterai de ne pas avoir été sur les bancs de l'Assemblée en ce 17 septembre 1981, écoutant Robert Badinter et participant à ce moment fondateur d'une démocratie enfin lavée de ses vieux démons vengeurs.
Lors d'une discussion très personnelle que j'avais eu avec mon ancien patron, Jacques Blanc, alors député de la Lozère depuis 1973, il m'avait avoué avoir ressenti ce jour là le poids de l'histoire dans les travées du palais Bourbon. " Député UDF et donc opposé au gouvernement de l'époque mais avant tout médecin se battant pour la vie, je ne pouvais accepter de l'ôter. Pour tout cela, j'ai voté en mon âme et conscience l'abolition de ce châtiment" m'avait-il affirmé avec la fierté et aussi la pudeur de celui qui a participé à un instant qui doit compter dans la vie d'une homme politique.
Comment exprimer par des mots ce que que ce châtiment inhumain peut susciter en moi... J'essaye d'imaginer l'angoisse, les pensées, les images qui se bousculent dans la tête de celui qu'on emmène à l'échafaud. Je n'y arrive pas. Peut être est-ce parce que j'aime trop la vie pour admettre qu'on puisse s'autoriser à la prendre sous prétexte de loi ? Ou alors est-ce la totale irréversibilité de la peine, l'absolue impossibilité de concevoir la repentance du coupable qui m'interdisent d'accepter la peine de mort comme condamnation ultime contenue dans notre corpus législatif ?
On aura beau jeu de me renvoyer les tortures de victimes innocentes ou les drames vécus par les proches. Je comprends tout cela avec acuité et sensibilité mais je ne donne pas aux hommes le droit d'enlever la vie. Seuls la nature et Dieu, pour ceux qui y croient, en ont le pouvoir. Je me suis persuadé au fil de mon existence malgré tout, malgré la violence et la bêtise de certains, que seuls le pardon et la pitié pouvaient faire avancer, ne serait-ce qu'un peu, notre monde et notre société.
Le 25 septembre, une place de Périgueux portera le nom de Robert Badinter. Avec la maladresse de la pudeur et du respect, au delà des querelles politiciennes qui n'ont pas lieu d'être ici, je voudrais, en mon âme et conscience, le remercier d'avoir permis à mon pays de sortir de la Loi du Talion et de quitter la compagnie sanglante et mortifère de l'Iran des ayatollahs, de la Chine des exécutions massives ou celle des USA des souffrances sans fin.

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