Moi même, élève pour le moins turbulent, totalisant plusieurs expulsions et 123 heures de retenue en une seule année (la classe de quatrième...), j'ai passé cinq ans de ma vie en pension dans une institution religieuse au coeur du Cantal. En échec scolaire, j'ai eu droit à un "traitement de faveur" qui m'a permis d'avoir mon bac et de continuer ensuite en université. J'ai pu mesurer, durant ces années dont je garde un souvenir ému, ce que furent l'investissement pédagogique, la volonté de tirer vers le haut tous les enfants d'une classe, sans exclusive ni élitisme. Car, si j'étais dans un établissement religieux, les curés et professeurs qui y enseignaient, n'avaient eux pas la religion du chiffre comme on l'entend aujourd'hui. Que veulent dire 100% de réussite au baccalauréat quand vous sélectionnez méticuleusement chaque élève au format de votre objectif ?
Ce qui m'intéresse dans un "chiffre" est le nombre d'inscrits en seconde par exemple, et celui de ceux qui atteignent le bac dans le même établissement. Il est facile d'éliminer au fur et à mesure des classes pour trouver ensuite 25 ou 30 élèves, déjà performants, et de les conduire au diplôme. Mais ce n'est pas de la pédagogie ou de l'enseignement, c'est de l'écurie de course... Le vrai challenge de la vie et de la jeunesse, en éducation comme en agriculture - le raccourci est peut être scabreux - est de prendre une terre en friche, un roncier inextricable et d'en faire un grenier à blé. J'ai de l'admiration pour les défricheurs du savoir, les hussards de la République ou les jésuites de la pensée, pas pour les grands céréaliers du formatage intellectuel...
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